vendredi 18 février 2011

Dehaene, S., & al. (2006). Une taxonomie des processus conscients, inconscients et subliminaux

Les chercheurs ont trouvé que la conscience pouvait se voir au niveau cérébral soit par l’activation précoce du lobe occipital, soit par l’activation intervenant un peu plus tard dans le cortex pariéto-frontal, soit encore par l’activation du thalamus. Dans cet article, ils essayent de proposer un modèle théorique pour relier les différentes visions, en précisant notamment des distinction vigilance / accès à la conscience et la distinction inconscient / préconscient / conscient (d’un point de vue cognitiviste, non Freudien).

La conscience a plusieurs définitions possibles : soit on est conscient de ce qui nous arrive, soit on est conscient dans le sens éveillé, pas dans le coma. Ils proposent d’appeler “Vigilance” la conscience dans le sens d’état d’éveil. La vigilance serait le résultat d’activations thalamo-corticales, entre le thalamus et le cortex cingulaire, préfrontal et pariétal inférieur. La vigilance est un continuum qui va du coma à l’éveil. Pour que le réseau thalamocortical soit conscient, il faut une certaine dose d’activation.
Ils ont définit l’“accès au rapport conscient / à la conscience” pour remplacer l’autre définition de la conscience, la conscience de ce qui nous arrive.

Zeki que l’accès à la conscience ne peut se faire qu’avec une quantité suffisante d’activation des zones perceptives impliquées (activation bottom-up). Dehaene rajoute qu’il faut en effet suffisamment d’activation pour arriver à la conscience, mais que ce n’est pas le seul facteur : s’il y a inattention, il y a activation aussi forte de ces zones perceptives, mais pas d’accès à la conscience. Donc une activation intense des zones perceptives peut s’accompagner d’une absence totale de perception consciente.

En plus de la vigilance et de l’activation bottom-up, il faut que le stimulus perçu atteigne les zones de traitement du cortex, parfois éloignées. S’il les atteint, alors il y a deux choses qui se passent : l’information peut se réverbérer, et donc s’ancrer dans la mémoire + l’information peut ensuite se propager à n’importe quelle autre système cérébral. (Ce sont des caractéristiques de la perception consciente).
Quand il y a accès à la conscience, on peut voir une activation du cortex pariéto-frontal (et d’autres) qui va faire une activation top-down pour traiter le stimulus plus efficacement.

Il faut toujours faire des tests de détection, et de préférence essai par essai, car le seul fait de masquer le stimulus n’est pas suffisant pour affirmer que le stimulus a été présenté inconsciemment.

Ensuite, ils ont établit la différence entre processus subliminal, préconscient et conscient (cf. figure 1 et 2)
Tout est expliqué dans les schémas.
En gros :
  • Subliminal : peu d’activation 
  • Préconscience : forte activation mais peu d’attention. Il y a dans la préconscience possibilité de faire des boucles récursives avec des réseaux peu éloignés, et avoir ainsi une mémoire de quelques millisecondes.
  • Conscient : forte activation et attention
Il a ensuite déterminé quels paradigmes correspondaient à quels systèmes dans la taxonomie plus haut.
  • Masquage avec stimulus attendu : Entre subliminal et conscient.
  • Stimulus présentés au seuil de perceptibilité : Entre subliminal et conscient. Il explique notamment les différences entre des stimulus perçus alors que d’autres ne le sont pas alors qu’ils sont présentés de la même manière par la Vigilance.
  • Masquage avec stimulus non attendu : Entre subliminal et préconscient.
  • Inattention : Entre préconscient et conscient. 


Source: Dehaene, S., Changeux, J.P., Naccache, L., Sackur, J., Sergent, C. (2006). Conscious, preconscious, and subliminal processing: a testable taxonomy.  Trends in Cognitive Science, 10 (5), 204-211

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