A l’écoute de votre morceau préféré, n’avez vous jamais ressenti des frissons qui vous parcourent tout le dos, voir tout le corps ? Dans ces moments là, éprouvez vous une émotion particulière ? C’est en tout cas ce que propose cette étude.Meyer a émit un argument choc pour remettre en cause les études qui relie les réactions corporelles aux émotions, car on ne peut pas être assez précis sur l’émotion associée à telle ou telle réaction du corps. Ceci était particulièrement dérangeant pour la recherche lorsque la pratique de l’imagerie cérébrale n’était pas encore pratiquée à des fins de recherche. Il semblerait néanmoins que parmi les réactions corporelles à une émotion, celle où on a un frisson qui nous parcourt l’échine soit provoquée par des zones cérébrales similaires à celles des émotions. La présence de cette réaction physiologique permettrait donc d’avoir une mesure plutôt directe de l’émotion ressentie, et ce de manière bien plus objective qu’un vulgaire « avez vous ressenti quelque chose ? » dans un questionnaire. Ils ont donc utilisé un questionnaire où ils ont demandé quelles réactions physiologiques des musiciens et non musiciens, jeunes et âgés, éprouvaient à l’écoute de leur morceau préféré, à quel moment, si c’était régulier à chaque écoute, etc., ce genre de question étant plus adapté que de demander l’émotion ou le ressenti directement.
Par réponse à un questionnaire, les chercheurs ont voulu savoir quelles étaient les réactions de notre corps à l’écoute d’une musique. Ils ont relié les réactions du corps aux réactions émotionnelles et analysé la structure musicale des passages provoquant le plus de réaction, donnant ainsi des clés pour comprendre ce qui rend la musique si intense. Ils ont ainsi regardé les réactions comme les frissons dans le dos, les larmes, les rires, et ont montré qu’ils apparaissaient dans des moments de la chanson avec une structure particulière : les larmes apparaissent par exemple plus lorsqu’on a des appogiatures dans le morceau, alors que les frissons apparaissent quand il y a dans le morceau des nouvelles harmoniques inattendues.
Les premières analyses montrent déjà que les femmes ont plus de larmes que les hommes à l’écoute d’un morceau, et que les jeunes (dans la trentaine) rient plus. La plupart des morceaux qui provoquaient des émotions fortes étaient d’ailleurs des morceaux de musique classique (instrumentale ou vocale). Il y avait néanmoins autant de morceaux avec voix que sans. On retrouvait d’ailleurs certains morceaux déterminés comme les plus intenses par plusieurs personnes : Matthew Passion – J. S. Bach ; Requiem – W. A. Mozart ; Concerto pour piano n°2 – A. Rachmaninov ; Ouverture de Roméo et Juliette – J. I. Tchaikovski. Ces morceaux peuvent être écoutés plus de 50 fois sans que la réaction physiologique/émotionnelle ne change, ce qui est rassurant : nos morceaux préférés peuvent le rester longtemps. Autre résultat marquant : les experts en musique (les joueurs professionnels ou amateurs) sont plus aptes à déterminer les passages et les réactions ressenties à l’écoute d’un morceau. Cela ne veut pas forcément dire qu’ils éprouvent moins d’émotion, mais il semblerait que celles-ci soient néanmoins plus conscientes et plus précises.
Ils ont ensuite analysé la structure musicale des passages vécus comme intense dans les questionnaires rendus. Ils se sont rendus compte que les réactions physiologique (larmes, tremblements et battements cardiaques) étaient provoqués par différentes caractéristiques du morceau (indiquées par une flèche, le nombre dans la première colonne est élevé lorsqu’il y a eu beaucoup de larmes causées par cet élément, dans la seconde colonne pour les tremblements et dans la troisième colonne pour les battements de cœur). On peut remarquer notamment les appogiatures mélodiques qui sont plus aptes à créer des larmes et des tremblements, alors que les nouvelles harmonies ou les harmonies inattendues vont créer plus de tremblements qu’autre chose.
Ces réactions physiologiques sont bien entendu naturelles, et même un bébé peut avoir des larmes, des tremblements, etc. Néanmoins, éprouver de telles réactions en écoutant de la musique est quelque chose d’acquis, que les jeunes ne possèdent pas, et qui s’apprend. C’est donc fonction de la culture où l’on se trouve (un indien sera sensible à la musique orientale, tandis qu’un occidental ne le sera que plus difficilement, en apprenant à l’être, par exemple).
Source : Sloboda, J. A. (1991). Music structure and emotional response : some empirical findings. Psychology of Music, 19, 110-120
Intéressant
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