Où est situé le sens des mots? De nombreuses études semblent dire que les mots sont plus stockées dans l'hémisphère gauche (chez les droitiers), dans ce que l'on appelle les core language areas. Cette étude montre, grâce à des lésions, que pour fonctionner, le cerveau gauche a également besoin de l'assistance du droit, qui s'occupe de certaines catégories spécifiques de mots, grâce à ce qu'ils ont appelé complementary language areas. (NB: on trouve également ces complementary langage areas dans l'hémisphère gauche, mais l'intérêt ici est d'appuyer le fait que ce n'est pas seulement cet hémisphère qui s'occupe du langage, au moins pour certaines catégories de mots). Certains mots peuvent même être traités uniquement dans l'hémisphère droit.
Hypothèses
- Des lésions de l'hémisphère droit moteur et fronto-pariétal vont particulièrement affecter les mots d'action. (Ceci expliqué par le fait que l'action soit reliée au cortex moteur de manière évidente si on considère le postulat de Hebb.)
- Des lésions de l'hémisphère droit au niveau des aires visuelles et du lobe temporo-occipital inférieur vont particulièrement affecter les processus langagiers des mots associés à la vision. (Même explication, mais pour ce qui est de la vision)
Trois groupes ont été testés.
Le groupe "frontal", était constitué de 12 participants ayant tous subit une lésion de la zone motrice et prémotrice de l'hémisphère droit. Ils étaient tous Allemands et ne parlaient aucune autre langue.
Le groupe "temporo-occipital", était constitué de 6 patients ayant tous subit une lésion de la zone temporo-occipitale inférieur de l'hémisphère droit, associée à la vision. Ils étaient par ailleurs tous Allemands et ne parlaient aucune autre langue.
Le groupe "contrôle", composé de neufs patients sans lésions corticales. Egalement Allemands ne parlant que cette langue.
Le groupe contrôle et le groupe frontal étaient de même âge, mais le groupe temporo-occipital était plus agé et venait d'un milieu social plus élevé.
Ils ont subit une batterie de prétests pour déterminer exactement leurs déficiences. (Benton Visual Retention Test, d2 Test, Corsi Block-Tapping Test, Token Test, Aachen Aphasia Battery, Oldfield’s handedness inventory)
Le test était constitué par 300 mots, contrôlés selon leur fréquence d'apparition et leur taille: 150 non-mots, 50 noms relatifs à la vision, 50 noms relatifs à l'action et à la vision, 50 verbes d'action.
Ils ont d'abord, dans une phase prétest, demandé à des personnes extérieures d'évaluer sur une échelle de 1 à 5 trois choses:
- Si les mots leur rappelaient des scènes ou des objets qu'on pouvait rencontrer
- Si les mots leur rappelaient des activités qu'ils pourraient eux même faire
- S'ils considéraient les mots comme concrets ou abstraits
C'est grâce à ça qu'ils ont pu former les listes. Il y avait 8 blocs de 36 à 38 mots présentés. Il y avait entre chaque mot une croix sur laquelle les sujets devaient fixer leur regard. Pour que les mots atteignent au même moment les deux hémisphères, ils étaient présentés dans les deux champs visuels.
La tâche pour les patients étaient d'appuyer sur un bouton selon qu'il s'agissait d'un mot ou d'un non mot.
Résultats
(Je retranscris le graphique plus que ce qu'ils disent, car c'est incompréhensible et inintéressant à déballer comme ça)
On remarque quoiqu'il en soit sur le graphique qu'il y a de nets problèmes pour les noms visuels pour les patients avec des lésions du cortex visuel droit, et de nets problèmes également pour les mots d'action pour ceux qui ont des lésions frontales droites (zones motrice et prémotrice). Les données sont recueillies en terme de pourcentage de mots correctement identifiés. Cela montre bien un problème au niveau seulement de certaines catégories de mots, et pas des autres. Les catégories affectées sont celles correspondant à la fonction première de la zone principale affectée (les mots associés à la vision pour les lésés occipitaux, les mots associés à l'action pour les lésés moteurs)
Discussion
La discussion porte principalement sur la raison pour laquelle les groupes ont été constitués ainsi, ainsi que de la nécessité de refaire une analyse statistique en enlevant deux personnes au dessus de la moyenne (le graphique au dessus est celui après avoir enlevé les données "out").
Ils y font également une comparaison avec d'anciennes recherches, qui avaient notamment déjà trouvé des résultats sur des catégories de mots spécifiquement atteintes lorsque des zones spécifiques du cerveau l'étaient également, c'est le cas du lobe occipital, par exemple, mais ça ne l'était pas pour toutes les zones (frontal par exemple), donc l'intérêt de cette recherche est ici. Il est également dans l'aspect cerveau gauche, où personne n'avait encore fait quoique ce soit, à priori.
Ils y font également une comparaison avec d'anciennes recherches, qui avaient notamment déjà trouvé des résultats sur des catégories de mots spécifiquement atteintes lorsque des zones spécifiques du cerveau l'étaient également, c'est le cas du lobe occipital, par exemple, mais ça ne l'était pas pour toutes les zones (frontal par exemple), donc l'intérêt de cette recherche est ici. Il est également dans l'aspect cerveau gauche, où personne n'avait encore fait quoique ce soit, à priori.
Source: Neininger, B. & Pulvermüller, F. (2003). Word-category specific deficit after lesions in the right hemisphere, in Neuropsychologia, 41, 53–70
Excellent résumé Clém ;)
RépondreSupprimerL'article est quand même assez novateur mine de rien car il brise un peu ou atténue en tous cas le règne ABSOLU DE MONSIEUR L HEMISPHERE DROIT sur le langage...
du cerveau gauche je voulais dire :D
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